Vivez un moment féérique au moment des fêtes. Pendant son marché, tout Strasbourg se transforme en un scintillement qui nous plonge dans une humeur enchanteresse. Les boutiques brillent de mille feux, les rues embaument les épices et la cannelle en particulier. Un moment magique, ouvert du premier samedi de l’Avent au 31 décembre.
La tradition du marché de Noël est une institution à Strasbourg. Il faut dire que la création de ce plus ancien marché de Noël de France, remonte au XVIe siècle ! De fin novembre à fin décembre, l’esprit de Noël vibre avec ferveur. Une fête des enfants ? Les adultes ne s’en laissent pas conter et y participent tout autant. Nombreux sont les quartiers à lancer en décembre des concours de décorations de maisons, de jardins et d’intérieurs aux couleurs de fête : rouge, vert, doré…
Un peu d’histoire…
Le Christkindelsmärik, ou « marché de l’enfant Jésus », est le nom donné en langue alsacienne au traditionnel marché de Noël qui se tient depuis 1570 à Strasbourg, en Alsace, et a été longtemps le seul en France. Il débute le premier samedi de l’Avent pour s’achever le 24 décembre au soir. Le Christkindelsmärik attire chaque année deux millions de visiteurs venus du monde entier. Il s’agit de l’un des plus anciens marchés de Noël, lesquels étaient une spécificité du monde germanique. Le plus célèbre était celui de Nuremberg, mais ceux de Francfort, Dresde et Berlin étaient aussi très réputés. Au Moyen Âge, un marché était organisé à Strasbourg en prévision de la fête de saint Nicolas le 6 décembre. C’est en effet à ce saint, évêque de Myre en Turquie au IVe siècle, que l’on attribuait le rôle de dispensateur de cadeaux aux enfants. Pour permettre aux parents de se procurer friandises et jouets, un marché, appelé en alsacien « Klausemärik », était alors installé quelques jours avant cette date.
La Réforme protestante fut adoptée par la ville de Strasbourg en 1525 et, en 1570, dans la cathédrale alors affectée au culte protestant, le pasteur Johannes Flinner s’éleva en chaire contre l’usage de remettre des cadeaux aux enfants le jour de la Saint-Nicolas. Cette pratique, jugée « papiste », donnait à un saint le rôle valorisant de donateur. Le pasteur Flinner préconisa de confier symboliquement cette mission au Christ, sous la forme de l’enfant Jésus. Impressionné par ce sermon, le Conseil des XXI de Strasbourg décida le 4 décembre 1570 de supprimer la Saint-Nicolas, mais d’autoriser les commerçants à tenir leur marché trois jours avant cette date. On y trouvait des marchands de poupées et d’autres jouets, des ciriers (ou marchands de bougies et cierges en cire), des marchands de pain d’épices et de sucreries, mais ce marché était aussi une véritable foire annuelle, qui attirait à Strasbourg des marchands venus de loin.
Le marché de la Saint-Nicolas a donc été remplacé par celui de l’enfant Jésus, nommé « Christkindel » en dialecte alsacien, et la remise des cadeaux a, elle aussi, changé de date pour se faire la veille de Noël. C’est donc l’influence protestante qui a lancé ce nouvel usage strasbourgeois d’un marché avant Noël. Elle a aussi créé ce personnage du Christkindel, qui a remplacé le saint évêque Nicolas pour entrer dans les foyers et y apporter leurs cadeaux aux enfants.
Vers 1830 et jusqu’en 1870, le Christkindelsmärik a été transféré sur la place d’Armes, l’actuelle place Kléber, épicentre de la vie sociale et économique strasbourgeoise, non sans avoir connu quelques déménagements : il s’était retrouvé en 1848 devant la gare de l’époque (l’« ancienne gare », devenue place des Halles) et une ou deux fois à l’étage de l’Ancienne Boucherie, aujourd’hui Musée historique.
Après l’annexion de l’Alsace à l’empire allemand en 1871, le marché s’est installé place Broglie, mais a été supprimé durant les quatre années de la Première Guerre mondiale. Aujourd’hui, le Christkindelsmärik se trouve toujours sur la vaste place Broglie (ancien marché-aux-Chevaux), considérée comme son site historique, auquel ont été ajoutés d’autres lieux de la ville.