Entreprise créée en 1982 aujourd’hui cotée en bourse, Interparfums fabrique et distribue des parfums de prestige.
Selon son président fondateur Philippe Benacin, « 2022 a été une année florissante en France et à l’international pour le parfum, et 2023 s’annonce sous les meilleurs auspices ». Devenu un produit de consommation courante, le parfum suscite un engouement que rien ne semble devoir atténuer. Produit haut de gamme, de niche, d’exception ou plus abordable, le parfum invite au rêve. Mais c’est aussi du business car le secteur est porteur et exponentiel. Rencontre et prospective.
État des lieux et perspectives
Les professionnels du secteur sont unanimes et les chiffres éloquents : 2022 a été une année exceptionnelle. « Nous ne l’expliquons pas » note Philippe Bénacin, P.-D.G. d’Interparfums*, qui précise : « Nous avons constaté une envolée dès mi-2021. Fin 2021, notre chiffre d’affaires s’est établi à environ + 17 % par rapport à celui de 2019. Fin 2022, nous étions à + 26 % sur le marché mondial et à + 7 % en France par rapport à l’année précédente. » Pour cet homme qui gère, via Interparfums, tout le cycle de vie des fragrances (de leur genèse jusqu’à leur distribution en France et à l’international), l’engouement pour le parfum ne s’est pas démenti depuis trois ou quatre ans. Et les Français se révèlent être de grands consommateurs. « En valeurs de marché, la France fait même mieux que les États-Unis. » À l’export, c’est le pays de l’oncle Sam qui monte sur la première marche du podium , suivi de l’Angleterre, la Russie et l’Allemagne. Si le conflit entre la Russie et l’Ukraine a ralenti les exportations vers la Russie, il n’a pas provoqué de répercussions notables sur l’activité globale.
Le rapport au parfum a changé
Aujourd’hui, plus que dans un passé proche, l’aspect olfactif est important, voire primordial. Les acheteurs dépensent davantage qu’avant 2020, surtout dans les marchés de niche et les fragrances de haute parfumerie. Les parfums dits de prestige ont été porteurs (+ 19 % en 2022)*. « Nous constatons que les consommateurs ont tendance à acheter non plus un, mais deux parfums, et à investir dans de grands formats », note Philippe Bénacin. Autre constat : les fragrances sont plus fortes et le choix plus large. « Notre activité s’est mondialisée, nous sommes donc dans l’obligation de proposer des fragrances très différentes qui tiennent compte des goûts des différents publics. » À titre d’exemple, les Asiatiques, qui privilégient les senteurs douces, vont opter pour des floraux tandis que les Américains choisissent des parfums plus marqués.
Les périodes d’achat, elles aussi, ont connu une certaine évolution. En Europe, Noël ne s’impose plus comme le moment phare de l’année pour la vente de parfums. « Certes, le quatrième trimestre représente environ 53 % de notre activité mais nous faisons 47 % au premier trimestre. Ce qui était vrai il y a dix ans ne l’est plus aujourd’hui et notre activité demeure forte tout au long de l’année. »
« L’histoire du parfum commence dans l’Antiquité, où les Grecs et Égyptiens brûlaient des essences aromatiques en honneur des dieux et divinités. Cela explique également l’origine du mot parfum : per fumum (par la fumée). »
Lorsque le parfum adopte la green attitude
Répondre aux attentes nouvelles d’une clientèle plus sensible à la préservation de l’environnement et curieuse en matière de transparence des marques est devenu un impératif. « En cinq ans, le monde a compris qu’il fallait prendre soin de la planète » déclare Philippe Bénacin. Dont acte dans l’univers des fragrances, très concerné par la RSE. Les extractions sont réalisées de façon plus vertueuse, l’éthanol s’obtient via la biotechnologie, le packaging se met peu à peu au vert. Interparfums travaille désormais sur la qualité du plastique, glisse les jus dans des flacons en verre recyclé, privilégie l’upcycling et reste également attentif aux encres et aux emballages…
*The NDP Group
**Les marques d’Interparfums : Boucheron, Coach, Jimmy Choo, Karl Lagerfeld, Kate Spade, Lanvin, Moncler, Rochas, ST Dupont, Van Cleef & Arpels
Après une année 2020 peu fructueuse, la filière des produits de beauté sélective a enregistré une croissance de 9 % en 2021. Selon The NPD Group, le marché a ainsi réussi à enregistrer un chiffre d’affaires de 2,689 milliards d’euros en 2021, et les ventes de parfum ont généré 82 % de ce chiffre. La hausse du chiffre de ventes a surtout été portée par les magasins traditionnels en 2021. Ils ont représenté près de 84 % du marché de la beauté sélective en 2021, soit une hausse de 11 % par rapport aux chiffres de l’année précédente. Les ventes
en ligne ont, quant à elles, enregistré une hausse de 16 % après un démarrage assez lent. Source : NPD.com
